vendredi 17 décembre 2010

La rivière des Parfums & ses tombeaux impériaux



La matinée suivante est consacrée à la visite des tombeaux impériaux qui ont été construit pour perpétuer le culte des esprits ancestraux. En effet les souverains de la dynastie des Nguyên ont choisit Hué pour leur repos éternel.

La petite croisière sur la Rivière des Parfums ne nous laissera pas un souvenir impérissable... les abords du cours d'eau sont assez tristes en cette saison (pas de végétation colorée), le ciel gris n'aidant pas la chose ! La femme de la barque pas aimable du tout, était bien plus intéressée par notre capacité à acheter ses cartes postales qu'autre chose. De plus celles-ci étaient dans un piteux état !

Le côté tant romantique de cette rivière décrié dans tous les guides ne nous est pas apparu comme une évidence aujourd'hui !
Quoiqu'il en soit c'est un bon moyen de transport pour se rendre dans les sites touristiques qui bordent ses rivages. Et la beauté des temples et tombeaux royaux qu'on a croisé par la suite nous a fait oublié cette petite déconvenue.




C'est un des monuments emblématiques de Hué.


Première curiosité que l'on découvre à 4 km de Hué et dans un cadre enchanteur sur la rive gauche en amont de la Rivière des Parfums. Il s'agit de la Pagode de la Dame Céleste (Thien Mu) qui est perchée sur une petite butte.



























De là haut, on jouit d'un beau panorama sur la rivière et l'autre rive.

Ce cours d'eau tire son nom des herbes médicinales qui poussent sur ses rives.













Les frangipaniers ne sont pas en fleurs... dommage !


Mais revenons à notre première visite matinale...

Avec ses 7 étages, la pagode de la Dame céleste  est visible de loin.
La légende raconte qu'une dame âgée apparut ici et prédit que celui qui élèverait une pagode en ce lieu serait à l'origine d'une grande dynastie. C'est ce que fit Nguyên Hoang en 1601 qui devint l'aïeul d'une grande descendance impériale jusqu'à Bao Dai, le dernier empereur du pays.






Elevée au 19ème siècle, la tour octogonale Phuoc Duyen (Source du Bonheur) haute de 7 étages le tout culminant à 21 mètres de haut, flanquée de deux stèles. Thieu Tri commanda la construction de cet édifice octogonal en brique récupérées sur les temples Cham.
Chacun de ses étage symbolisait une réincarnation du Bouddha.


Dans un pavillon est abritée une grosse cloche pesant plus de 2 tonnes qui date de 1710 et dont la portée était de 15 km.

Une grande stèle de pierre de 2,50 m sur une tortue de marbre est visible dans un autre pavillon. Les inscriptions relatent l'histoire de Thien Mu.











Quatre piliers ornés de caractères chinois célèbrent le bouddhisme et la pagode.












La pagode de Thien Mu fut bâtie pour accueillir un monastère bouddhiste en 1601.


































On entre dans la cour par un portique à trois entrées, chacune étant ornée de génies protecteurs bouddhistes.
Côté cour, au-dessus du portique, un génie protecteur de la Loi coiffé de son casque juste au-dessus de l'empereur taoïste de Jade.











Au cœur d'un beau jardin, le Temple du Grand Héros (Dai Hung) renferme une collection de statues dont un bouddha Di Lac en bronze qui sourit, 10 rois des enfers et 18 arhats en terre cuite et porcelaine veinée de gris (sages libérés du cycle des réincarnations).
Au-dessus d'une des portes du temple, un Sakyamuni aux cheveux noirs est assis devant un autre Di Lac et les bouddhas du passé, du présent et de l'avenir.



La fleur du bouddha !





























































Dans un garage ouvert est conservée l'Austin turquoise qui amena Thich Quang Duc, un des bonzes de la pagode, jusqu'en plein centre de Saigon où il s'immola par le feu en 1963 pour protester contre le pouvoir dictatorial. Les photographies de son suicide discréditèrent le régime de Diem dans le monde entier.









Derrière ces bâtiments se trouvent les quartiers d'habitation des moines et leurs jardins où ils travaillent paisiblement.




















Il est temps de reprendre notre embarcation pour d'autres curiosités des environs.
Nous laisserons cette barque de malheur à la prochaine étape pour reprendre la voiture... et c'est tant mieux !















Les tombeaux de la dynastie Nguyên sont en réalité d'imposants sanctuaires organisés autour d'un site funéraire entouré de palais, pavillons, stèles, étangs, jardins, grandes cours et portes monumentales. Il n'y a pourtant rien de funèbre dans ces majestueuses nécropoles. On a plutôt l'impression de se promener dans un immense jardin où sont disséminés de beaux palais colorés.







Sur la photo ci-dessus, dans l'enceinte du tombeau de Minh Mang, le Pont de l'Intelligence permettant le passage au-dessus du Lac de la Lune nouvelle voit de nombreux touristes défiler sur ses pavés.



Entre 1802 et 1945, 13 empereurs de la dynastie des Nguyên se sont succédé, mais seulement 7 se sont fait construire un mausolée. Les autres sont morts en exil ou en disgrâce.
Tous situés au sud de Hué, le long de la Rivière des Parfums, ces tombeaux ont une implantation qui suit les règles du phong thuy (feng shui en prononçant à l'occidental). Les sites sont situés entre des collines avec un point en hauteur pour éloigner les mauvais génies.
Influencés par la Chine, ces empereurs ont calqué leurs demeures funestes sur les tombeaux de la dynastie Ming.




Les deux tombeaux les plus visités sont ceux de Minh Mang et de Tu Duc.
Attention ! Ces sites touristiques ferment tôt.

Chaque mausolée reflète la personnalité du monarque qui y repose. Par exemple, Minh Mang, qui régna de 1820 à 1841, était fasciné par les principes confucéens d'organisation administrative et se fit construire un tombeau de style chinois.


Ce matin, les abords du tombeau de Minh Mang sont nimbés d'une brume qui remplit le lieu de mystère. Même le nom de ce plan d'eau artificiel, le Lac de la Clarté Pure (Trung Minh) est enveloppé de poésie.

Le tombeau de l'empereur Minh Mang, situé à 12 km de Hué, est souvent considéré comme le plus beau. Il est vrai que le cadre dans lequel il se trouve est enchanteur. Un véritable décor de cinéma !

Au milieu d'une forêt de pins, le complexe funéraire est en parfaite harmonie avec la nature, les 40 monuments et les jardins sont entourés d'un mur d'enceinte de 3 mètres de haut.



La construction du site débuta un an avant que Minh Mang ne meurt. Dés 1840, plus de 3000 soldats et ouvriers furent réquisitionnés par le monarque lui-même.

C'est son fils qui, après la mort de l'empereur, enrôla 9000 soldats pour finir ce travail de titan. Ce fut chose faite en 1843.

L'intégralité du sanctuaire est construit selon un axe linéaire que l'on parcourt sur 700 mètres. Ce tracé s'apparente à la "Voie de l'Esprit". Le tout comporte un triple portique, une cour d'honneur, un pavillon, un temple et la sépulture de l'empereur.
Cette voie débute par la Porte Dai Hong peinte en rouge, fermée depuis que le corps de Minh Mang l'a franchit en 1841.






Ensuite vient la cour d'honneur avec ses traditionnelles statues de mandarins civils et militaires, ainsi que d'éléphant et de chevaux.
L'entrée actuelle des visiteurs se fait par un chemin latéral qui aboutit à cette grande place.












On apprend ici que Minh Mang eut 142 enfants !















Le Pavillon de la Stèle est édifié sur deux terrasses superposées. Les rampes de chaque côté de l'escalier y menant sont sculptées en dragons.
Le texte qu'on peut voir sur le bois noir fut gravé par Thieu Tri.
Le sol est pavé de carreaux en terre cuite vernissée de couleur verte.












Sur la stèle, une épigraphie en chinois relate les hauts faits de Minh Mang.
























La Porte de la Vertu Éclairée se situe dans le prolongement du Pavillon du Culte du Roi.


Nous arrivons sur un vaste esplanade de trois étages séparés par quelques marches très hautes. Ceci a été pensé pour que les gens qui les gravissent aient le temps de bien réfléchir à ce qu'ils allaient dire au roi.

Ici on se rend bien compte de l'axe selon lequel les bâtiments sont disposés.



La somptueuse Porte de la Vertu Éclairée (Dai Hong Mon) qui donne accès à la seconde cour d'honneur










Avant la construction de ce qui allait devenir son tombeau, le roi Minh Mang changea le nom du mont Cam Ke en mont Hieu Son et donna au futur tombeau le nom de Hieu Lang.













On passe la Porte de la Vertu Éclairée ou Hien Duc en vietnamien pour accéder au Pavillon du Culte du Roi (Sung An), appelé aussi Pavillon de la Grâce Immense... que de poésie !









Sur le toit du Temple du Culte du Roi, on observe une frise de peintures émaillées d'origine. La charpente et les piliers sont recouverts de laque rouge.

Dans l'encadrement de la porte, on est tout de suite séduit par une belle perspective : une petite étendue d'eau franchie par trois ponts qui mènent à un autre monument, le Pavillon de la Clarté (Minh Lau) ou aussi appelé Pavillon de la Lumière. Celui-ci était le bâtiment où le roi se détendait. Les deux piliers à l'arrière symbolisent la puissance du monarque.






Au Vietnam, on a remarqué que beaucoup de lieux anciens ont plusieurs traductions dans les guides touristiques en français...

Le pont Trung Dao et le Pavillon de la Clarté



Le monument de forme carrée comprend un étage surmonté d’un toit octogonal. C'est d'ici que l'empereur surveillait les travaux juste avant de mourir.
Le Pont central appelé Trung Dao était réservé à l'empereur et les deux autres aux mandarins et civils.











Vue sur un pont Huu Bat qui se trouve à droite du pont du milieu

Le sanctuaire est entouré d'un grand lac qui prend différents noms selon où l'on se trouve. Ainsi le Lac de la Clarté Pure qu'on a longé pour arriver au site se transforme en Lac de la Lune Nouvelle lorsqu'il épouse les contours de petite colline où est enterré l'empereur.




Après le Pavillon de la Clarté vient un autre ouvrage d'art, le Pont de l'Intelligence ou Thong Minh Chinh Truc qui sépare le monde des vivants de celui des morts. En effet sur la colline boisée de l'autre côté du Lac de la Lune Nouvelle (Lac Tong Nguyet) repose l'empereur qui a rejoint le monde des défunts.










Cette enceinte du tombeau est appelée Buu Thanh en vietnamien. On peut parler ici de tumulus car la sépulture a été recouverte par une montagne de terre formant ainsi cette colline (Khai Trach Son) dont l'accès a été condamné par une grosse porte accessible après avoir gravi 33 marches de pierre.








Il est maintenant temps de faire demi-tour, on traîne un peu encore histoire de bien s'imprégner des lieux.







En repartant on voit le Pavillon de la Clarté sous un autre angle


Au milieu de cet écrin de verdure, on se laisse envouter par cet ensemble paysager ponctué de pavillons et d'étangs où s'épanouissent des lotus la saison venu

Les déplacements se font désormais en voiture (et on préfère !). Du coup on peut avoir un petit aperçu de cette belle campagne vietnamienne qui entoure Hué.







Dernier à être construit, le mausolée de Khai Dinh est très différent des autres tombeaux impériaux. Ici pas de parc paysager pour un rendu global plutôt austère.
Le mausolée est bâti par paliers au sommet d'une colline sur des terrasses en béton, de ciment, de pierre et de marbre.











Khai Dinh qui mourut à 40 ans ne vit pas son tombeau achevé. Plutôt frimeur, cet empereur mégalo n'était pas beaucoup aimé du peuple. Beaucoup le considérait comme "une marionnette" manipulé par les colons français. De plus il augmenta les impôts de 30% pour ériger son mausolée qui coûta une somme astronomique, ce qui n'améliora pas sa côte de popularité. Il faisait preuve d'une grande ostentation : bagues à chaque doigt et tenues vestimentaires extravagantes et hors de prix !

Khai Dinh qui avait visité la France en 1922, et notamment l'exposition coloniale de Marseille, admirait l'architecture occidentale et était attiré par le modernisme en Occident. Ceci va se ressentir dans la l'architecture de son tombeau et dans l'utilisation de nouveaux matériaux pour l'époque (autre que le bois et la pierre). On se trouve alors devant une construction d'un art nouveau et très original.


Le mausolée dont la structure est en béton, est beaucoup plus petit que ceux des autres souverains Nguyen construits dans les environs. A flanc de coteau, il occupe une superficie moindre (117 m par 48,5 m), mais sa construction est particulièrement élaborée.









Un imposant escalier monumentale gardé par quatre dragons mène à une première cour flanquée de deux temples.
Une seconde volée de marches mène à la cour d'honneur où on retrouve les traditionnelles statues de mandarins, les chevaux, les éléphants et les guerriers.



























Au centre se tient le Pavillon de la Stèle octogonale qui a été bâti en matériaux provenant du monde entier : toit d'ardoise d'Angers, cristal du Japon, céramique de Chine, granit du Vietnam et fer de France.

clôture avec fleur de lys ????   étrange dans cette partie du monde !











Sur la dernière terrasse accessible avoir avoir gravi 127 marches se tient le Temple du Culte (Thieu Dinh) où est enfermé le tombeau du roi avec sa façade kitch ornée d'arcade de style Renaissance et des clochettes pour chasser les mauvais esprits.
C’est l’endroit le plus élevé et la principale construction de la nécropole. Il se compose de 5 salles adjacentes et de 2 salles latérales.







 à droite sous la fenêtre : brûle-parfum, théière, miroir, plume

à l'intérieur de l'édifice dans la première salle du palais, on trouve des matériaux insolites qui ont été cassés et assemblés pour donner un style extrêmement avant-gardiste pour l'époque : des morceaux d'assiettes, de bols et de tessons de bouteille,... Certains étaient des objets de grande valeur (porcelaine, verre), créant ainsi une vive polémique.
Le sol est dallée de tuiles de couleur.












Des fresques très colorées ornent les murs. Elles représentent les quatre saisons : l'abricotier symbolise le printemps, le lotus pour l'été, le chrysanthème pour l'automne et le bambou pour l'hiver. Mais on peut voir aussi des pruniers en fleurs et des lis.

sur une double frise, on distingue 8 objet précieux dont un rouleau, un luth ou encore une gourde à vin accolés à des objets modernes comme une raquette de tennis et un réveil-matin !









Au plafond on remarque un immense "dragon dans les nuages".

Au milieu de l'autel, beau brûle-parfum en bronze



Une mosaïque derrière représente le soleil couchant qui symbolise la disparition du souverain.
Plutôt utilisées dans la tradition chrétienne, les couronnes mortuaires métalliques en hommage déposées par les autorités françaises renforcent ce mélange d'influences.
La dépouille de Khai Dinh repose à 9 mètres au-dessous de sa statue grandeur nature de 1,40 m !

étrange mélange de style asiatique et occidental






















Salle du tombeau abrite la statue en bronze de l'empereur coulé à Marseille et offerte par la France.







































Le chapeau conique est le symbole du Vietnam. Il est fabriqué avec des feuilles de palmier.



Les esprits du tombeau de Khai Dinh gardent un œil sur vous !







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