dimanche 12 décembre 2010

Hanoï, capitale millénaire


On se souviendra toute notre vie de ces premières minutes sur le continent asiatique... la voiture nous ramène de l'aéroport jusqu'au centre-ville de Hanoï. Le dépaysement est total : on découvre ce que vivent ces grandes villes d'Asie, cette effervescence humaine jusque tard dans la soirée. Très vite on plonge dans cette ambiance toute particulière. Il est 18h et quelques, les rues grouillent de monde à la nuit tombante... On le pressentait mais là c'est une évidence, nous sommes sur notre continent de cœur !





Hanoï veut dire "en deça" (noi) "du fleuve" (ha). Elle fut baptisée ainsi en 1831 par l'empereur Minh Mang.

Des vestiges de l'âge de bronze et du fer permettent d'attester que l'histoire de ce site remonte au néolithique. La ville s'est développée autour d'une citadelle réduite à quelques vestiges aujourd'hui.



Avec son dédale de ruelles inchangées depuis plusieurs siècles, Hanoï conserve une certaine intemporalité qui en fait une des cités les plus captivantes de l'Extrême-Orient. Elle arrive à se préserver malgré la modernisation, pourvu que ça dure ! Elle compte plus de 6,5 millions d'habitants en 2010 et plus de la moitié de cette population a moins de 30 ans !

Celle qui fut Hanoï la coloniale est aujourd'hui une métropole élégante avec ses larges boulevards crées du temps de l'ancienne concession française. Elle est la capitale du Vietnam unifié.







Protégée par des digues, elle est située sur la rive droite à l'intérieur d'une boucle du Fleuve Rouge (Song Hong) au cœur d'une région fertile où est née la civilisation vietnamienne.
Elle est localisée au pied d'une chaîne de montagnes ayant le Mont Ba comme point culminant à 1237 m.
Lorsqu'on vient du nord, trois ponts permettent de franchir l'incroyablement large Fleuve Rouge pour rentrer dans la capitale.










Le paysage urbain et l'organisation de Hanoï furent bouleversés par l'arrivée de l'occupant français dès 1873 qui modernisa considérablement le pays et sa capitale. Le percement de nouvelles avenues et la création d'un quartier à l'européenne entraînèrent la démolition de nombreux monuments dont la citadelle, la cathédrale qui remplaça la pagode Bao Thien et la grande poste la pagode Bao An.
Pendant cette période d'occidentalisation, il fut construit un opéra et le Pont Paul Doumer (rebaptisé aujourd'hui pont Long Bien).



Mais c'est à cette époque que Hanoi retrouva son statut de capitale, mais celle d'une Indochine sous domination française.




Les bâtiments historiques de Hanoi ont souffert des outrages du temps, de la guerre et de la pénurie de matériaux et de moyens. Hormis ceux utilisés pour l'Etat ou des missions étrangères, la majorité est délabrée, l'austérité économique communiste ayant laissé décrépir la ville. 
Rajoutons à cela, une triste période de la fin du 18ème à la fin du 19ème où la cité impériale fut saccagée à deux reprises (destructions de palais, des symboles de l'Empire et de nombreux temples). En ces temps durs pour Hanoi, la capitale fut transférée à Huê.
Lorsque les colons prirent la ville, ils rajoutèrent quelques destructions à leur palmarès : citadelle de Gia Long et la plus ancienne pagode de la ville.
Hanoi n'est redevenue capitale qu'en 1945 du Nord-Vietnam, puis du pays réunifié 30 ans plus tard.

Elle connut en décembre 1972, un triste évènement durant lequel plus de 40 000 tonnes de bombes furent larguées sur son agglomération : il s'agit des "Christmas bombings".



Un des multiples noms de Hanoï au cours des siècles, Dong Kinh (signifiant "capitale de l'Est") fut transformé oralement en Tunquin par Alexandre de Rhodes au début du 17ème siècle, lorsqu'il romanisa l'écriture vietnamienne. Ce nom fut francisé en "Tonkin" et désigna par la suite l'ensemble de la région du nord du Vietnam.


La Tour de la Tortue au milieu du Lac Hoan Kiem

Le centre-ville n'a guère changé depuis 1955 avec ses temples et ses lacs. L'âme de Hanoi survit dans le "quartier des 36 rues et guildes", datant du 15ème siècle.
On est aux antipodes de Ho Chi Minh Ville, la capitale économique au sud du pays qui est en passe de devenir une grande métropole asiatique. Hanoi résiste tant bien que mal, même si ça se bouscule pas mal ces dernières années !
Hanoï veut en effet rattraper son retard sur sa sœur du sud.
Malgré ce frémissement de modernité naissante, la capitale nous replonge 60 ans en arrière.




Depuis les années 1950, la ville a subi guerre et privations sous la domination communiste, alors que le sud et le reste du monde se remettait de la Seconde Guerre Mondiale. Mais elle offre aux visiteurs son superbe centre historique qui fait sa fierté.


Les paysans vendent leur marchandise sur le trottoir



Elle est considérée comme une des plus belles villes d'Asie, surement grâce à son centre historique qui a traversé intacte la guerre de décolonisation. Celui-ci a été aussi épargné par les bombardements américains qui ont plutôt ravagé la périphérie.
C'est sûr qu'elle offre plus de dépaysement que l'autre grande ville du pays, Ho Chi Minh Ville.







36 rues


Le charme suranné de Hanoï est dû aux couleurs qui se diluent avec le temps. Si on ajoute à ça l'effervescence des habitants qui occupent les rues la plupart du temps, on obtient une ambiance toute particulière.

Le spectacle de la rue est un théâtre permanent. On peut alors faire de belles photos prises sur le vif.





Marquant la fin d'une époque, une ville moderne sort de terre en périphérie depuis 1994, année de la levée de l'embargo des États-Unis et des premiers investissements étrangers. Le capitalisme s'empare alors du Nord du Vietnam.




On plonge dans cette ambiance rétro avec les vieux quartiers, le quartier français et son architecture indochinoise et les temples séculaires.
La ville est restée fermée jusqu'à la fin du 20ème siècle. Il en résulte une disposition urbaine horizontale, aérée avec des lacs et des avenues plantées de grands arbres. Les cyclo-pousses survivent tant bien que mal, mais ils laissent place aux petites motos. La ville succombe peu à peu au raz de marée polluant et bruyant des voitures. Début des années 2000, Hanoi interdisait déjà aux cyclos l'accès aux grandes avenues, prenant exemple sur Saigon.




Transports authentiques à Hanoï :
- le cyclo-pousse
- la motobike taxi (les jeunes convient les gens à monter à l'arrière de leur moto)
- le vélo



Ainsi commence notre tour dans la vieille ville et la citadelle :

Cathédrale St Joseph datant de 1886



La pagode Bao Thien, une des plus célèbres et une des plus fréquentées de la ville, fut rasée pour laisser place à la repoussante cathédrale néogothique Saint-Joseph (Nha Tho en vietnamien) qui représente les 400 000 catholiques présents à Hanoï.
Les coulées noires dues à l'humidité sur ses deux tours massives n'embellissent pas le monument qui n'a rien d'harmonieux.













Le vieux quartier et les abords du Lac Hoan Kiem se concentrent sur une petite surface qui se visite facilement à pied. La balade se déroule avec un bruit de fond fait de klaxons incessants. Mais on s'y habitue à la longue !






Le bulldozer du 20ème siècle n'a guère sévi ici. Mais les affronts de la modernité sont partout visibles. Dans les rues, les fils électriques sont assemblés par paquets énormes.









Le quartier des 36 rues aux ruelles populeuses





Le "Quartier des 36 rues" ou "quartier des corporations", coincé entre le fleuve et la citadelle, prend forme à partir du 15ème siècle. Pour répondre aux besoins de la cour impériale, les artisans se sont implantés sur la rive du Fleuve Rouge et regroupés par activité (36 corporations ont été dénombrées). C'est à ce jour le plus ancien quartier marchand de la ville.
Contrairement aux quartiers alentours aux larges avenues rectilignes, ici, elles sont plus étroites et plus tortueuses. C'est un quartier très vivant et très attachant. On y trouve toute sorte de marchandises imaginables, c'est un réel plaisir de flâner au gré des rues !








Chaque rue a une spécialité professionnelle ou est le siège d'une corporation, souvent originaire d'un village du delta. Autrefois un seul métier était représenté dans chaque rue, mais malheureusement, certains métiers se sont perdus et le modernisme et l'ouverture économique du pays engendre la multiplication de petits commerces qui se diversifient. Heureusement que cette année la cité impériale de Hanoï incluant la vieille ville a été inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO.




Vue depuis le toit de notre hôtel


Ici prédominent des maisons à l'architecture "en tube" très typique du Vietnam (en vogue depuis le 19ème siècle). Il s'agit de bâtisses très étroites de 2 ou 3 étages (une règle de 3m de largeur était autrefois en vigueur). Au rez-de chaussée se trouve généralement une boutique où on rentre les motos le soir venu. On s'entasse et on entasse tout dans ce petit volume habitable.
Ainsi la densité de population dans le quartier est impressionnante ! On s'en souviendra comme d'un coin très vivant et coloré !

Pendant 40 ans sous le régime communiste, le petit commerce était interdit, mais le quartier a retrouvé sa vocation commerçante.
































































Banderoles et drapeaux vietnamiens, la couleur rouge est omniprésente dans les rues !








Nous nous lassons pas d'errer sans but dans cette "Cité des 36 rues et guildes" (ou 36 Pho Phuong en vietnamien) vieille de plus de 6 siècles.
Une balade en pousse-pousse nous permet de profiter des rues de la capitales sans stress et assis confortablement !

Le cyclopousse à trois roues, équipé d'un siège à l'avant est un moyen de transport caractéristique du paysage urbain au Vietnam. Il tend malheureusement à disparaître, remplacé petit à petit par les motocyclettes, les scooters et maintenant les voitures...





Les gigantesques enseignes colorées tape à l’œil au-dessus des vitrines se succèdent...

Il n'y a pas de séparation entre lieu de travail et domicile, on a vue sur leur pièce à vivre comme si elle était en vitrine. Le soir venu, ils rentrent leur scooter ou vélo dans la salle à manger au rez de chaussée !


D'étranges grilles aux fenêtres des maisons et aussi devant les ouvertures des temples !






Notre hôtel dont l'enseigne est à peine visible sous cette flopée de fils électriques !

Beaucoup d'hôtels ont des chambres sans fenêtres. Faut pas être claustro !
Le notre est situé au cœur du quartier des 36 rues, avec petit déj au dernier étage où on entendait le brouhaha et les klaxons de bon matin.  De là-haut, la vue sur la ville est superbe.

Les mini-hôtels se sont multipliés dans la vieille ville ces dernières années, mais l'urbanisme est soumis à de strictes restrictions, comme l'interdiction de construire de trop hauts immeubles autour du Lac Hoan Kiem. La pression immobilière est très forte et le charme rétro de la ville risque de souffrir des méfaits de l'ouverture du pays au capitalisme et son bétonnage à outrance.











































































La médecine traditionnelle vietnamienne utilise serpents et lézards embouteillés dans l'alcool. On peut aussi trouver de l’élixir de gecko !











Le bric à brac des boutiques du quartier des 36 rues




















A l'image du nom du quartier, on retrouve le nom des confréries de métiers qui s'étaient appropriées une rue. Chacune d'elles commencent par le mot "han" qui signifie "marchandise". Ce système est une chose exceptionnelle en Asie du Sud-Est. Voici quelques exemples :

- Hang Dao : la rue où on vend des montres,

- Hang Bac : la rue des autels votifs ou rue de l'argent,

- Hang Giay : la rue de la chaussure reconvertie en rue où l'on vend du tissu de soie brodée,

- Hang Bo : la rue de la mercerie ou des paniers,

- Hang Mam : la rue du poisson en saumure renferme maintenant des marbriers spécialisés dans les stèles funéraires,








- Hang Can : la rue du carton, de la ficelle et des balances,

- Hang Duong : la rue du sucre,

- Hang Ma : la rue des objets votifs en papier dont le domaine s'est élargi aux lanternes et guirlandes, mais aussi aux imitations de richesse matérielle (comme des voitures ou des maisons en papier, des faux billets de banque ou lingots d'or) qui sont brulées en offrande aux esprits des ancêtres,

- Hang Bun : la rue des vermicelles,

- Hang But : la rue des brosses,










- Hang Gai : la rue du chanvre ou rue de la soie,

- Lan Ong : la rue des herbes et des graines,

- Hang Buom : l'ancienne rue des voiliers recèle aujourd'hui de friandises locales, de cafés et d'alcools importés (whisky, vin, cognac),

- Hang Huong : rue de l'encens.






















Chaque rue s'organisait autour d'une maison communale appelée dinh. Ceux-ci étaient à la fois des temples dédiés au génie tutélaire de la communauté, mais aussi des lieux de réunion et faisaient office de salle des fêtes. Ils furent transformé en écoles ou logements durant la période dure du communisme.












Au bout de la rue Hang Chieu (la rue des nattes), la dernière vieille porte de la ville subsiste, la porte du commandant du régiment Quan Chuong. Il s'agit d'une des 16 portes qui fermaient le quartier.
















Dans le vieux Quartier se trouve le plus ancien restaurant de la ville, le Cha Ca La Vong qui propose sa spécialité depuis plus d'un siècle, le poisson mariné avec du galanga, du safran et du riz fermenté. Il se situe dans la rue des poissons grillés (Cha Ca), logique non ?




Venelles bordées de petites boutiques aux devantures surchargées de marchandises
























Datant de la fondation de Hanoï au 11ème siècle, le Temple du Cheval Blanc (Den Bach Ma) est le plus ancien lieu de culte du Quartier des 36 rues. Ce petit sanctuaire taoïste est dédié à l'esprit gardien de la ville qui est représenté par un cheval blanc magique.

A l'intérieur se tiennent une statue de cheval géant et un palanquin sculpté de phénix, de grues et de tortues.
D'après la légende, un cheval blanc est apparu pour indiquer l'endroit où il fallait édifier la muraille d'enceinte de la ville car celle-ci n'arrêtait pas de s'effondrer. L'empereur Ly Thai To fit construire un sanctuaire en l'honneur de l'animal magique et en fit l'esprit protecteur de la cité.




































































Le grand marché couvert de Dong Xuan, à l'origine bâti par les français, à la fin du 19ème siècle à l'emplacement où se tenait l'ancien marché du pont de l'Est. Il fut reconstruit avec sa façade d'origine après l'incendie de 1994. Les étals sont regroupés sur deux étages en zones où l'on trouve de tout : aliments, alcools importés, vêtements, articles ménagers, animaux domestiques, plantes d'intérieur, épices, oiseaux, poissons et autres bêtes (serpents, geckos) en préparations curatives. C'est l'occasion de fouiller pour ramener quelques souvenirs !








C'est le plus ancien et le plus grand marché couvert de la ville. Il se situe à l'extrémité de la rue de la soie. Il nous paraît en piteux état, mais reste très animé.






































La visite se poursuit dans les anciens quartiers français reconnaissables grâce aux édifices coloniaux de couleur ocre  :




Concernant ce que la colonisation française a légué de bon, parlons de la très belle architecture de l'époque qui a aidé à occidentaliser ce coin d'Asie. Les édifices érigés sous la domination de la France bordent de larges avenues, comme le superbe opéra bâti au début du 20ème siècle, inspiré de l'Opéra Garnier de Paris en version plus sobre. C'est le plus opulent des trois opéras construits par les français au Vietnam.






D'un style européen d'Extrême-Orient, il est baptisé localement Nha Hat Long qui signifie "la maison du grand chant". C'était un lieu où la bourgeoisie coloniale devait se montrer. Mais il entra dans l'histoire révolutionnaire du pays en 1945 quand fut annoncée la libération de la ville par le Comité des citoyens. Il connut par la suite une triste période "rouge" où la censure limitait le choix des spectacles à des œuvres venant de Chine ou de l'URSS communistes. Enfin, heureusement que dans les années 1990, une bonne rénovation a fait retrouver au bâtiment son lustre d'antan !


Le Sofitel - Métropole



L'opéra se situe au cœur du quartier chic autour de bars où la jeunesse dorée se retrouve, de boutiques haute-couture et d'hôtels de luxe comme le Hilton dont la présence atteste de l'entrée de la ville dans l'ère du capitalisme.

A deux pas de l'Opéra, on passe au pied de l'Hôtel Sofitel-Métropole qui n'est autre que l'ancien Grand Métropole Palace ouvert en 1901. C'est le plus prestigieux et le plus ancien hôtel de luxe de la ville. Ce bâtiment de style Belle Époque fut un haut lieu de la vie sociale et intellectuelle indochinoise avant de tomber en décrépitude comme le reste de la ville pendant la période socialiste.







Des parcs à la végétation exotique parsèment le quartier chic




Face à cette architecture de l'époque coloniale, on éprouve un sentiment de nostalgie (quand on se cantonne à l'esthétisme des bâtiments et pas au reste !)












On croise de nombreux couples de jeunes mariés en séance photos dans les parcs et autres endroits bucoliques de la ville


Que de joyaux architecturaux détruits pour laisser place à de grandes avenues ou à des bâtiments administratifs ou religieux, tout ça pour donner un côté Haussmannien à la ville.




La Maison de Ho Chi Minh ou familièrement Maison de l'Oncle Hô (Nha Bac Ho) est située dans le jardin botanique Bách Tho. Il s'agit d'une maison sur pilotis au milieu d'arbres centenaires.
C'est la seconde demeure du chef qui l'a habité de 1958 jusqu'à sa mort en 1969. Ho en avait imaginé les plans et l'architecture. Modèle de simplicité, la maison est constituée seulement de deux pièces spartiates : son bureau et une chambre à coucher. Cette demeure est un hommage aux minorités ethniques de son pays qui habitent dans des bâtisses sur pilotis.






Dans le bureau attendent une vieille machine à écrire et une bibliothèque remplie de livres dans plusieurs langues. Ho parlait entre autre l'anglais, le français, le russe et le chinois.
Dans la chambre, on voit un lit à matelas de paille, un éventail, un réveil, une radio, un chapeau, des livres,...
Une table au milieu du parc servait pour ses réunions avec le parti politique.






De vieilles voitures de marque française sont exposés là





On peut s'approcher au plus près de cette maison qui s'intègre parfaitement avec la nature environnante.














A côté se trouve sa première résidence en pierre peinte en jaune et au toit en tuiles qu'il a habité quand il est devenu président de la République démocratique du Vietnam en 1955. Il a préféré cette bâtisse à l'ancien Palais du Gouverneur qui symbolisait l'occupation française et qui n'était pas en phase avec ses idéaux de sobriété.
En effet, le chef d'état refusait toute idée de vie dans le luxe, préférant un style sobre et simple donnant l'image d'un homme consacré à son peuple.





On est en pleine ville, mais le cadre est des plus agréables !





Juste à deux pas, on se dirige en direction de la célèbre Pagode au Pilier Unique, mais pour cela on traverse un sanctuaire typiquement vietnamien grouillant de fidèles venus prier ce matin.
















Nous voilà au pied de la très pittoresque Pagode du pilier unique, Chua Mot Cot en vietnamien.









Datant du 11ème siècle, elle peut surprendre avec sa forme carrée et son gros pilier en béton plantée au milieu d'un bassin où fleurissent des lotus.
Elle fut érigée par l'empereur Ly Thai Tong pour remercier la déesse de la miséricorde qui lui est apparue sur une grande fleur de lotus et qui lui a donné un héritier.


Pagode du pilier unique

Les soldats français détruisirent le temple à leur départ en 1950, ce qui explique que le pilier originellement en bois soit en béton aujourd'hui.
L'ensemble est harmonieux malgré l'utilisation de ce matériau moderne. Véritable emblème de la ville, la pagode est censée évoquer un lotus fleurissant sur sa tige. D'ailleurs, en chinois Lien Hoa Dai veut dire "sanctuaire de la fleur de lotus".
Derrière pousse un banian planté en 1958 par Nehru qui s'est battu pour l'indépendance de l'Inde et est devenu le premier 1er ministre de son pays (similitudes avec Ho Chi Minh pour le Vietnam).








Palais du Gouverneur

Dans les environs, l'ancien Palais du Gouverneur général d'Indochine, aujourd'hui Palais présidentiel est aussi situé dans le parc Bach Thao, tout proche de la Maison de Ho Chi Minh. Il fut construit en 1906 dans un style néo-Renaissance française
Sa couleur ocre doré dévoile ses origines coloniales.
A l'heure actuelle, le bâtiment fait office de résidence pour les hôtes du pays et ne se visite malheureusement pas.











L'architecture sévère du mausolée nous laisse de marbre... :-)



Le Mausolée de Hô Chi Minh (Chu Tich Hô Chi Minh) renferme dans une salle réfrigérée la dépouille du célèbre révolutionnaire qui proclama l'indépendance du Vietnam en septembre 1945, ici même sur la grande place Ba Dinh.








 


Bien qu'il ait souhaité se faire incinérer et que ses cendres soient déposées en trois lieux du Vietnam (nord, centre et sud) symbolisant le pays unifié auquel il aspirait, son parti politique décida d'embaumer son corps sur l'exemple de Lénine, en attendant la réunification du pays. Mais depuis la réunification en 1975, son corps est toujours à la vue de tous dans ce colossal mausolée.

Le mausolée ferme deux mois par an (en octobre et novembre) lorsque le corps est envoyé en Russie pour son entretien par les embaumeurs.

Situé sur le côté ouest de la Place Ba Dinh, l'édifice d'une grande austérité est fait en marbre de Danang, en granit et en bois précieux. Ces matériaux proviennent tous du pays pour renforcer le côté patriotique de la chose !
Sur la façade, on peut lire : "rien n'est plus précieux que l'indépendance et la liberté", phrase célèbre prononcée par Hô Chi Minh, héros national et père de l'indépendance du Viêtnam.
Il est fermé le lundi, on n'a pas de bol ! Il parait que les files d'attente sont longues.

Les architectes ont voulu représenter une fleur de lotus... et bien c'est raté ! C'est pas terrible, en plus avec le ciel d'aujourd'hui, ça fait gris sur gris ! :-(


A l'image du Héros de la libération nationale, la place Ba Dinh est grande.
Non loin se trouve l'Assemblée Nationale et d'autres bâtiments gouvernementaux.



Hanoï est la plus vieille capitale d'Asie du Sud-Est, cette année (en 2010) la ville fête son millénaire. En 1010, Ly Thai Tô met fin à environ 10 siècles de domination chinoise et installe sa capitale ici sous le nom de Thang Long qui veut dire "ville du dragon prenant son essor". Ceci correspond à la vision du souverain qui vit un dragon s'élever vers le ciel à cet endroit.






















Le Lac Hoan Kiem (Lac de l’Épée Restituée), appelé aussi Petit Lac, se trouve en plein cœur de la vieille ville. C'est un véritable havre de paix au milieu de l'effervescence urbaine. Très original de trouver un lac en plein centre d'une capitale ! Une bonne partie de l'année, on est entouré de flamboyants, mais c'est l'hiver :-(







On en apprend un peu plus sur la légende du lieu : au 15ème siècle, un pêcheur du nom de Le Loi qui devait devenir empereur reçut de la part de la Tortue d'or résidant au fond du lac, une épée magique destinée à vaincre la dynastie chinoise des Ming. Puis la Tortue d'or réapparut pour que l'épée lui soit restituée, d'où le nom ! Le Loi fonda la dynastie des Le et la paix s'installa durablement sur l'empire.
Cette légende perdure et veut qu'une tortue géante vive toujours au fond du lac.


Pagodon au milieu du lac

La Tour de la Tortue (Thap Rua) fut érigée au 18ème sur un îlot au milieu du lac pour commémorer l'événement mythique. Il s'agit en fait d'un stupa, c'est-à-dire une structure architecturale bouddhiste symbolisant le bouddha.











Le Pont du Soleil levant (The Huc) de couleur rouge relie la berge du lac au Temple de la Montagne de Jade (Ngoc Son) construit au 19ème sur un autre îlot par les Nguyen à l'emplacement d'un palais de leurs vieux ennemis, les Trinh.
Un bâton d'encre stylisé est posé sur le toit du portail principal.





























Depuis le petit îlot où repose le temple, on a une vue superbe sur le lac, c'est un peu le centre spirituel de la ville.


Offrande plutôt originale !



















Dans une antichambre est abritée une grosse tortue retrouvée dans le lac en 1968 et naturalisée pour être exposée.













Comme beaucoup de lieux de culte, ce temple est dédié à des personnages historiques. Ici, c'est Tran Hung Dao, vainqueur des Mongols au 13ème siècle, Van Xuong, un homme de lettres et La To, un des premiers médecins vietnamiens.



La statue fut inaugurée en 2004 sur la rive est du Lac Hoan Kiem





Au détour d'une place, on se trouve nez à nez avec la statue en bronze de Ly Thai To, fondateur de la ville. Tout un symbole !
C'est lui qui choisit l'endroit, là où le Dragon s'enroule et le Tigre s'assied pour fonder sa capitale qu'il voulait voir durer pendant 10 000 générations.














Le très étendu Lac de l'Ouest (Ho Tay), anciennement Lac des Brumes, est le vestige de l'un des anciens lits du Fleuve Rouge dont il est séparé par une grande digue.
Selon une légende, une épaisse forêt se trouvait jadis à la place du lac où vivait un cruel renard blanc à 9 queues qui semait la terreur dans la région. Le roi-dragon du fleuve inonda la forêt pour se débarrasser du monstre, ce qui provoqua la formation du lac.






Cette espèce de brume qui ne se lève pas de la journée n'offre pas de bonnes conditions pour la photo ! Ce ciel gris est habituel en hiver, une saison que seul le nord du Vietnam connaît.




Avec plus de 12 km de circonférence, c'est le plus grand des 7 lacs qui subsistent dans la ville.
Ses berges abritaient jadis les somptueux palais et pavillons des seigneurs Trinh qui ont été supplantés par des hôtels de luxe et des villas de riches. Seules deux des plus attrayantes pagodes de Hanoï ont traversé les siècles dans ce cadre reposant.







Nous visiterons un seul de ces deux monuments qui reposent sur une langue de terre entre le Lac de l'Ouest et le Lac de la Soie blanche (Truch Bach).
Cour du temple

La Pagode Tran Quoc est la plus ancienne pagode de la ville encore debout.
Construite par Ly Bon sous le nom de pagode de la Fondation du pays (Khai Quoc), elle date du 6ème siècle.
Après un glissement de terrain au 12ème siècle, elle fut déplacée des berges du Fleuve Rouge où elle se situait à l'origine. Elle fut par la suite restaurée en 1815.








On retrouve la disposition traditionnelle des bouddhas étagés derrière l'autel.














Appelée "Pagode de la Défense de la Patrie", elle est encore vénérée par énormément de gens et fut le plus grand centre bouddhique de la capitale sous la dynastie des Ly aux 11 et 12èmes siècles.


























 





A l'intérieur, on retrouve toutes les composantes typiques des pagodes tonkinoises de l'époque avec le Bai Duong (salle de culte), le Tam Bao (sanctuaire) et plusieurs galeries où se côtoient figures bouddhiques et taoïstes.
Dans la salle principale du temple repose un pilier "en bois de fer" dur comme du ciment et de chaque côté se dressent les deux inévitables Ho Phap, protecteurs de la loi bouddhique, l'un symbolise le Bien et l'autre, le Mal.



























Après la prière, le fidèle brûle ses offrandes en papier dans un petit four situé à l'extérieur.

























Au centre de la petite cour, on peut voir la reconstitution d'une montagne avec des bonsaïs.
Au fond du sanctuaire se trouve les tombes des bonzes en forme de petites tours, sur le côté d'une stèle de 1639 racontant l'histoire de la pagode. La coutume veut que les corps soient enterrés en pleine terre, puis au bout de trois années, on déterre les os et on les enterre dans leur intégralité dans un stupa.




On passe aussi dans la galerie consacrée aux grands bonzes et aux 3 mères (mère céleste, terrestre et mère des mères)




Au fond de la cour derrière les sanctuaires est érigée une grande tour récente en brique symbolisant les étapes de la vie de Bouddha. Elle est composée de 11 niveaux plus hauts les uns que les autres.


























On s'attaque maintenant à la visite de l'un des lieux les plus célèbres de la capitale, le Temple de la Littérature (Van Mieu en vietnamien).
Bâti en 1070 et dédié au culte de Confucius, il est cerné d'un haut mur de brique datant du milieu du 19éme siècle.
Il a fait office d'établissement d'enseignement supérieur pendant plus de 7 siècles. Qu'est ce qu'on aurait aimé étudier dans un cadre pareil !
Lieu de formation des futurs mandarins, ceux-ci y apprenaient la littérature, la philosophie et l'histoire ancienne de la Chine et du Vietnam.
Il prit le nom de Temple de la Littérature au 19ème siècle lorsque l'école fut transférée à Hué , alors nouvelle capitale impériale.


Le bâtiment s'inspire du temple de Confucius construit dans la ville natale du philosophe Qufu, et s'organise autour de 5 cours séparés par des portails ornementaux et des murs.
Les temples et pavillons sont disposés de façon symétrique.











Le grand portail monumental de l'entrée est gris, choix de couleur étrange !
On traverse les deux premières cours en empruntant l'allée dallée centrale jusqu'à un grand portail-pavillon Gac Khue Van, le Pavillon de la Pléiade, où les poètes avaient coutume de réciter leurs vers.








Le pavillon de la Constellation de la Littérature permet l'accès à la troisième cour.

Datant de 1805, Khue Van Cac est le pavillon de la Constellation de la littérature. Celui-ci symbolise l'élévation vers le ciel et se mire dans le bassin du lac de la Clarté céleste qui, lui, symbolise la terre. A l'étage, quatre soleils rayonnants font face aux points cardinaux.





Du temps de l'Indochine française, le Temple de la Littérature était appelé par les coloniaux la "Pagode des Corbeaux".













Au centre de la troisième cour se tient un bassin carré appelé le Puits de la Clarté céleste (Thien Quang Tinh).
Da part et d'autre, des pavillons protègent les Stèles des tortues qui sont dressées chacune sur la carapace d'une tortue. Celle-ci symbolise le support sur lequel est porté le Monde dans la mythologie locale. 82 sur 117 ont survécu jusqu'à aujourd'hui. Sur chacune est inscrite la liste annuelle des lauréats aux concours.














Le concours des Fils de la Nation comportait au XIVe siècle quatre épreuves: la transcription d'un texte appris par cœur, l'explication poétique d'un texte classique, la rédaction d'une ordonnance, d'un placet ou d'une proclamation impériale et enfin une dissertation libre.





Le Pavillon de la Cérémonie donne sur la 4ème cour

Le Temple de la Littérature est l'ensemble architectural le plus beau de Hanoï. La porte de la Grande Réussite (Dai Thanh) s'ouvre sur la quatrième cour qui mène au sanctuaire. Mais avant de l'atteindre on passe dans la maison des Cérémonies (Bai Duong) qui est un véritable joyau de l'architecture vietnamienne avec son toit de tuiles au coins recourbés et ses rangées de colonnes de bois poli.





















Un des piliers du temple porte l'inscription célèbre: "Le confucianisme gît partout, à l'est, à l'ouest, au sud et au nord; dignitaires et lettrés ont tous emprunté le même chemin".















De là-haut, on peut observer de plus près la toiture aux pans incurvés



















Situé dans cet édifice, l'Autel de Confucius est encadré par deux grues, animal censé transporter l'âme au ciel. C'est ici que le souverain et les mandarins venaient déposer leurs offrandes devant une tablette votive de Confucius.









Accolé juste derrière se trouve le Temple de Confucius où l'or et le rouge dominent. A l'intérieur sont posées les statues de Confucius et de quatre de ses principaux disciples vêtus de robes somptueuses. Il fait un peu sombre dans cette pièce !







Au fond du complexe dans la dernière cour est érigé l'ancien Collège national (Quoc Tu Giam) où les effigies de trois empereurs de la dynastie Ly veillent sur des manuels historiques.
Cette dernière cour était réservée à l'académie du pays dite des Fils de la Nation (Quoc Tu Giam). C'est ici que se trouvaient depuis l'origine les salles de cours et de leçons, ainsi que les dortoirs des élèves à partir du 15ème siècle, le tout formant un grand bâtiment fermant la cour au nord.

















































De part et d'autre du bâtiment sont disposées deux tours conformément à la tradition architecturale chinoise. L'une abrite une cloche qui a été récemment restaurée et l'autre renferme un grand tambour.
























Viens l'heure du dîner ! Les restaurants sont très nombreux dans la vieille ville, mais attention, le soir on mange tôt, vers 18h30-19h.
Attention à ceux servant de la viande de chien accompagné d'un petit verre d'alcool de riz avec du sang ou de la bile ! Bon appétit !

Ensuite une promenade nocturne s'impose tout naturellement, la ville grouille de monde, de vélo et de voitures... mais les parcs et abords des lacs sont calmes et doucement illuminés !













Allez il est temps de rentrer à l'hôtel avant de me replonger dans "Les fourmis" de Weber qui m'accompagnera au long de ce voyage.











Quartier des 36 rues

















Des gardes militaires en vert un peu partout autour des grandes places et devant les portails des bâtiments de l’État. Ambiance rétro garantie !


Tradition et modernité se côtoient... il y a de la place pour tout le monde !




Au feu rouge, en première ligne, toutes les motos et scooters s'entassent pour occuper l'intégralité de la largeur de la chaussée...

















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