mardi 21 décembre 2010

Ho Chi Minh Ville, sur les traces de l'ancienne Saïgon

Les premiers occupants du delta du Mékong furent les Khmers avant que les Chinois et ensuite les Viêts s'intéressent à la région. Ils fondèrent Prey Nokor, un petit comptoir commercial il y a 3 siècle dans un méandre de la Dông Nai, une rivière de la plaine du Mékong. Au 18ème siècle, ce port fluvial devint capitale provinciale sous la dynastie Nguyên.



Quand les français s'emparèrent de la ville et fondèrent la colonie de Cochinchine en 1859, il appelèrent la ville Saïgon, nom dérivé de Gia Dinh. Celle-ci était une cité peu engageante et très insalubre.
Les français transformèrent la nouvelle capitale de Cochinchine en une élégante cité à l'européenne avec de larges avenues bordées de tamariniers et de kapokiers, une cathédrale, un opéra, des palais et des villas... Ce fut une telle réussite que les visiteurs la qualifiaient de "Perle de l'Orient" ou de "petit Paris de l'Extrême-Orient" à la fin du 19ème siècle.



Une trace du passage des français au début du 20ème siècle

Aujourd'hui, tout ce charme n'est plus... disparu sous le bétonnage du modernisme. La destruction d'un patrimoine inestimable continue aujourd'hui sous la pression immobilière, les maisons coloniales se retrouvent enserrées entre de vilaines constructions et finiront probablement par être rasées.
Même s'il reste quelques beaux monuments dans le centre historique, l'harmonie architecturale n'est pas au rendez-vous !







On croise des écoliers avec leur foulard rouge autour du cou

Donc on l'avait bien compris, Ho Chi Minh Ville n'a pas le même intérêt touristique que Hué ou Hanoï, les curiosités historiques sont beaucoup moins extraordinaires. Elle est en passe de devenir une grande métropole à la croissance urbaine incontrôlée comme l'Asie en a fait des dizaines ces dernières décennies.








Chaos urbain assez impressionnant !

Cependant Saïgon ne nous laissera pas un mauvais souvenir, loin de là. C'est notre première immersion dans une ville grouillante de monde, le dépaysement est hallucinant. Nos rues françaises nous paraîtront bien mortes à notre retour au pays !
On aurait aimé avoir plus de temps libre pour fouiller un peu la ville et dégoter un ou deux trucs sympa à voir, mais quand on est dans un voyage organisé, on est contraint de respecter le timing... :-(






Mic-mac électrique !


Avant 1975, la ville, très commerçante, était déjà ouverte sur le monde et depuis les années 1990, elle rattrape son retard de manière fulgurante.
Elle est aujourd'hui une métropole cosmopolite.










Le plus haut building du Vietnam : symbole du réveil du pays

L’étymologie de Saigon viendrait de sai con, transcription vietnamienne de prei kor, terme khmer qui veut dire "forêt de kapokiers" ou de prei nokor signifiant "forêt du royaume", faisant référence à la résidence du vice-roi qui se trouvait dans les environs.

Saïgon l'ardente fut rebaptisée Hô Chi Minh Ville en 1976, après être tombé aux mains des troupes nord-vietnamiennes.
mais l'ancien nom n'est pas tabou et est encore utilisé, notamment dans l'administration. D'ailleurs les habitants ont toujours peu d'empressement à utiliser le nouveau nom.
On peut aussi remarquer que le code international de l'aéroport est SGN.

Comme elle l'était dans le temps, Saïgon est une de ces villes méridionales trépidante où la vie ne s'arrête jamais, même la nuit ! Aucune tranquillité dans cette frénésie urbaine !




Traverser une rue est une véritable aventure pour un occidental habitué aux rues calmes et aux feux piétons. Ne jamais ralentir ou accélérer le pas, les scooters, moto-taxis, baptisées localement xe om, ou Honda et les vélos anticipent la trajectoire des piétons. Quant aux voitures, elles ont tous les droits et on les déteste !
On est témoin d'un phénomène original : des fils d'attente de motos qui débordent sur les trottoirs pour accéder aux parkings souterrains. On est alors obligé de se faufiler au travers pour avancer...

Et comme à Hanoï, les Saïgonnais vivent la plupart de la journée dans la rue, assis sur les trottoirs, mangeant un bol de pho ou vaquant à leurs occupations...

Les entraîneuses ont fait la réputation de la ville dans le passée avec la rue Catinat qui fut rebaptisée rue Dong Khoi (signifiant "soulèvement général"). C'est autour de cette rue que le pôle touristique actuel se trouve et que nous allons tranquillement visiter. Nous sommes alors dans le 1er arrondissement, centre nerveux de Saïgon.

Dans la rue Nguyên Huê, s'élèvent tours modernes d'hôtels et de bureaux, symboles de la fièvre économique de la ville. Contrairement à Hanoï plutôt horizontale, Saïgon se verticalise !


Les Viet Kieu, Vietnamiens expatriés, aujourd'hui installés en France, en Australie ou aux États-Unis, participent à l'expansion économique de la ville et du pays. Le visage de la ville change, galeries commerciales, bars, karaoké, restaurants et voies rapides fleurissent et se multiplient... Le revers de la médaille, c'est l'augmentation de la petite délinquance, la prostitution, l'alcoolisme et la drogue...








L'hôtel Rex 4 étoiles se trouve au croisement entre les rues Nguyên et Le Loi, là où l'effervescence humaine et urbaine est à son max. Un vrai "marée" de motos et de piétons !
Bâti en 1953 par les Français, l'hôtel Rex fut très fréquenté par les reporters où des conférences de presse étaient données et par les soldats pendant la guerre du Vietnam. En effet, le lieu abritait les services d'information de l'armée.
Saïgon était le siège du commandement américain pendant cette guerre.



La place Lam Son est un des rares endroits qui évoquent le Saïgon mythique de jadis.
De grands monuments se trouvent sur cette place, comme l'ancien Opéra et les hôtels Continental et Caravelle. Ceux-ci ont longtemps participé à la renommée mondiale de la ville.


L'hôtel Caravelle de nuit

Inauguré la veille de Noël 1959 avec marbre d'Italie et vitres blindées, l'hôtel Caravelle était le plus haut édifice de la ville.
Ce lieu célèbre fut le QG du CBS, New York Times et Washington Post pendant la guerre américaine. En 1964, une bombe a explosé au 5ème étage. Après une sombre période à partir de 1975, il ouvrit à nouveau ses portes en 1998 et est aujourd'hui un ds palaces les plus luxueux de la ville.






L'hôtel Continental montre l'exemple typique de l'architecture coloniale de l'ancienne Saïgon. Sa construction se termina en 1886 et devint le plus prestigieux hôtel de luxe bâtie pendant l'époque française. Il n'a pas subi de modernisation jusqu'à aujourd'hui.




Fermant la grande avenue Le Loi, l'ancien Opéra qui est de nos jours le Théâtre municipal est doté d'une architecture Belle Époque avec ses airs de Petit Palais de Paris. toit mansardé et façade arquée.
L'Opéra fut inauguré le 1er janvier 1900 pour la bourgeoisie coloniale et il est devenu théâtre en 2000 après sa rénovation, dates faciles à se souvenir !
Pendant les années où la ville était capitale de la République du Vietnam du Sud, il abrita l'Assemblée Nationale entre 1955 et 1975.
Les sculptures ailées qui ornent le fronton sont typiques du néoclassicisme européen de la fin du 19ème siècle.




Symbole du catholicisme français au Vietnam, la Cathédrale Notre-Dame (Duc Ba en vietnamien) se tient à l'extrémité nord de la rue Dong Khoi.
style néoroman
Construite à la fin du 19ème durant 3 ans avec des briques importées de Toulouse et du granit du Vietnam, la cathédrale abritait des vitraux d'origine qui ont été conçues à Chartres, mais ils ont été remplacés dans les années 1940 par d'autres venant de Grenoble.
C'est le plus grand édifice religieux construit par les Français dans l'empire colonial. 










Sous ces allures d'église banale qu'on peut trouver n'importe où dans une ville française lambda, c'est vrai qu'elle rappelle le Sud-Ouest toulousain avec sa pierre rose !

Les deux tours symétriques dominent la Place de Paris du haut de leur 56 m.
Sur le parvis se tient une statue de la Vierge sculptée à Rome.









Les vietnamiens ont immiscés une touche kitch dans ce lieu d'habitude sobre, comme le néon bleu illuminant une statue et des tubes fluorescents accrochés aux colonnes de la nef. Ça rajoute un côté sympa car la décoration intérieure est plutôt pauvre. Ça fait bizarre de trouver ce mélange d'ex-voto en français et en vietnamien.




L'hôtel de ville de jaune et de blanc ferme la rue Nguyên Hué. Inspiré de l'hôtel de ville de Paris, ce monument de style néo-Renaissance du début du 20ème siècle fut le plus critiqué des édifices bâtis sous la colonisation française où on le compara à une "désastreuse pâtisserie". Mais aujourd'hui, c'est le monument le plus photographié de la ville et il contribue au charme de ce qu'il reste de la vieille ville coloniale. A l'époque de sa construction, les gens n'avait pas encore vu les horreurs qui vont être bâties au cours du 20ème siècle... :-)








La Poste centrale (Buu Dien Trung Tam) est un bel exemple d'architecture coloniale française. Conçue par la société Gustave Eiffel vers 1890, elle évoque les gares européennes bâties au 19ème avec son grand pavillon accessible par une entrée à fronton, son immense charpente métallique et sa grande verrière.









La façade rose et blanche présente les effigies de philosophes et savants célèbres
A l'intérieur, on admire entre autre, une carte de Saïgon de 1892 qui nous montre la configuration de la ville à l'époque,. Des marais séparaient le centre de l'ancienne ville de Cholon, qui est englouti aujourd'hui dans la métropole.




 






On peut voir aussi un grand tableau de l'oncle Hô au fond.
De chaque côté, de longs bureaux en bois permettent d'écrire ses lettres.
On aime cet édifice avec son charme rétro tant à l'extérieur qu'à l'intérieur (cabines de téléphone pour l'international).







Imaginons le Saïgon du début du 20ème siècle avec ses beaux monuments, ses grands parcs et ses avenues parcourues de Citroën, de Peugeot 404 et de cyclopousses.

Ce sont les descendants des "coolies" (travailleurs agricoles d'origine asiatique au 19ème siècle) qui conduisent en général les cyclo-pousses.





Nous visitons un atelier de laque où plusieurs techniques de décoration sont ici présentées : peinture sur laque, décors avec des coquilles d’œufs et ceux avec la nacre découpée.

Le processus est très long comptabilisant environ une quinzaine d'étapes. Les artisans doivent faire preuve d'une extrême précision.













Dans le cas de la technique à la coquille d’œufs (de canne), cette dernière est brisée et les morceaux sont collés sur le motif préalablement dessiné sur le support. Le tout est ensuite laqué. La laque est obtenue à partir de la sève d'un arbre, le laquier.















Petite promenade dans le quartier de Cholon qui était autrefois une ville jumelle de Saigon, et célèbre aujourd'hui pour son "grand marché" (d'ailleurs, c'est ce que Cho Lon signifie !).

Formant de nos jours le 5ème arrondissement de Saïgon, ce quartier s'est développé à la fin du 18ème avec l'arrivée d'immigrés chinois de l'ethnie Hoa.
Ce cœur palpitant commerçant de la ville était autrefois très malfamé, abritant voleurs, fumeries d'opium, salles de jeux et maisons closes. Tout ceci fut bridé par la main ferme du gouvernement de Hanoï après la réunification de 1975.





















Un peu de partout, devant les hôtels et les restaurants, une tradition occidentale s'est incrustée pendant les fêtes de Noël.
















A la limite ouest du quartier se trouve l'énorme marché chinois Binh Tay à deux étages.
Un clocheton caractéristique se tient au-dessus de l'entrée principale et deux tours terminent les deux ailes.


























Dans la cour centrale où poussent des arbres exotiques, des statues de dragons et de chiens-lions crachent de l'eau dans un étang de poissons rouges, autour du monument à la mémoire du négociant chinois ayant fondé le marché en 1930. Ce riche marchand a engagé un architecte français pour sa réalisation.

















































On déambule au cœur d'une atmosphère très animée et authentique, à travers de grands étals disposés selon des zones réservées à différents types de produits : ustensiles, tissus, sacs, bâtons d'encens, pharmacopée, oiseaux en cage, jouets importés.






























On attend avec impatience la nuit tombée pour voir les rues du centre-ville, encore plus illuminé et décoré en l'approche des fêtes de fin d'année.


La rue Le Loi reste très animée jusque tard le soir







L'éclairage nocturne de l'Hôtel de Ville est très réussi, mettant en valeur les reliefs des deux ailes et du pavillon central.












La façade de l'Opéra nous fait oublié qu'on est en Asie


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